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L'art du mépris
9/9/15
Je viens de croiser un extrait magnifiquement écrit. Il est poétique avec un rythme exquis. On se laisserait bercer par la musique des mots. Le seul hic c'est qu'il compare la femme à un vulgaire objet de consommation dépourvue de son humanité. Saurez-vous retrouver son auteur?
"Qui, dans sa vie, n'a pas, une fois au moins, bouleversé avec impatience en cherchant un objet précieux, et ressenti l'ineffable plaisir de le trouver, après un jour ou deux consumés en recherches vaines; après avoir espéré, désespéré de le rencontrer; après avoir dépensé les irritations les plus vives de l'âme pour ce rien important qui causait presque une passion? Eh bien, étendez cette espèce de rage sur cinq année; mettez une femme, un cœur, un amour à la place de ce rien; placez la passion dans les hautes régions du sentiment; puis supposez un homme ardent, un homme à cœur et face de lion un de ses hommes à la crinière qui imposent et communiquent à ceux qui les envisagent une respectueuse terreur!
Dans le contexte de lecture et en ayant une connaissance approximative des conditions d'écriture ce n'est que plus flagrant. En résumer, l'homme puissant n'a pas supporté qu'une femme qu'il considère comme un objet lui appartenant de valeur certes mais un objet quand même, se refuse à lui et la pourchasse de ses ardeurs.
Et non ce n'est pas E.L James, des extraits que j'ai lu, elle n'a pas les compétences linguistiques pour en être l'auteur.
Il n'y a pas à dire: certains savent cracher leur mépris de la gente féminine avec art.
Admirez comme il rajoute la grandeur des sentiments en insinuant que la femme pourrait être n'importe quoi (un cœur, un amour, un haricot sec) pour masquer son mépris. Il change le mot mépris par le mot sentiment afin d'offrir plus de force à son argumentaire et se faire passer pour une malheureuse victime et apitoyer son lecteur.
Il oppose la femme, un être insignifiant (rien), à l'homme, être de première importance devant lequel on doit s'incliner (lion, respectueuse terreur) et qui a été bafoué au final.
Je ne suis qu'au début de la lecture, j'espère que ce n'est qu'une mauvaise interprétation. On verra dans la progression mais entre le guide touristique (qui donne envie de découvrir les lieux, tant il est rédigé avec soin, je vous l'accorde) du début et ça, j'ai peur.
Si on prend la peine d'enlever toutes les fioritures du texte voilà ce que cela donne:
"Qui, dans sa vie, n'a pas, une fois au moins, bouleversé son chez-soi en cherchant un objet précieux, avoir éprouvé le plaisir de le trouver en dépensant de l'énergie inutilement un jour ou deux? Eh bien remplacer ce temps par 5 années, mettez une femme à la place de ce rien, transportez la passion dans les plus hautes passions; puis supposez en face un homme qui impose la soumission!"
Il y a certes quelques adaptations linguistique dans la traduction, mais en enlevant quelques mots, observez que la porté du message n'a plus rien d'une envolée lyrique d'amour passionné et impossible. On voit toujours l'attachement que l'amoureux éconduit éprouve pour la femme, mais pas en tant que femme, en tant qu'objet.
Au fil de ma lecture j'essaierai de vous en livrer dautres si je les découvre.
Bonne lecture!