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L'affabultrice/teur en entier

15/10/15

jack sparrow pastel sec sur pastel mat

L’affabultrice/teur

 

En route pour une nouvelle fiction. Attention il ne s'agit QUE d'invention. C’est un mixte de comportement vu sur le web et dans la vie réelle. Si quelqu'un venait à se reconnaître, ce quelqu'un devrait se faire du souci pour sa santé mentale. Non seulement cela sous-entendrait un égocentrisme exacerbé, mais surtout un niveau mental particulièrement dérangé...

 

 

 

On croise toute sorte d'êtres étranges sur le web. Certains ont des comportements particulièrement nauséabonds. Et si la totalité de ces traits de caractères particuliers étaient réunis dans un seul et même personnage...

Imaginez que vous êtes cette créature. Commençons par votre jeunesse.

Vous avez grandi en étant persuadé que vous donner du mal dans vos études et votre formation était inutile. Une bonne présentation et un bon carnet d'adresse sont suffisants. La bonne tenue, le bon sourire hypocrite et surtout le bon contact vous ouvriront toutes les portes. Vous n'avez absolument pas besoin d'être compétent. Vous aurez toujours quelqu'un pour vous couvrir: une bonne poire pour faire à votre place.

Vos choix d'études sont stratégiques: ceux qui font de l'effet sur un CV. D'abord un bac scientifique pour faire croire que vous appartenez à l'élite intellectuelle, puis un petit passage en histoire de l'art pour se donner un air cultivé, à Paris bien sûr, la capitale impressionne toujours plus.

Pour obtenir vos diplômes, vous ne vous encombrez pas de réflexion, vous vous contentez de répéter par coeur vos leçons. Vous ne faites aucun lien entre les différents enseignements de votre vie. Votre délicat cerveau doit absolument rester comme neuf... Si on vous en fait l'observation vous changer de sujet avec une affirmation péremptoire.

Ce portrait vous fait peur? Il n'est pas fini... Il ne fait que commencer…

 

 

En ce qui concerne vos études vous ne vous êtes donné aucun mal. Même pas celui d'écouter vos enseignants, ni même de choisir une voie qui vous plaisait. C'est à un tel point que vous arrivez à commettre l'exploit de mettre en exergue votre imposture.

Non, pendant les cours, ce qui importait c'était selon si vous étiez un garçon ou une fille.

  • Une fille: vous avez veillé à toujours avoir de beaux ongles, bien brillants, un visage d'ange, légèrement hâlé, et une coiffure impeccable, un sourire parfait, des minauderies sans reproche. Vous avez toujours eu soin de choisir une tenue qui mette bien en valeur votre corps. Au moindre doute pendant la conférence du prof, vous vous précipitez... sur votre miroir.
  • un garçon: Vous cultivez un aspect musclé, des beaux costumes, des mains impeccables, un sourire parfait, une coiffure parfaite, un regard fixe, un air sur de vous. Au moindre doute pendant la conférence du professeur vous vous précipitez sur les résultats... du dernier match.

Dans les deux cas, vous avez des lunettes de soleil en serre-tête qui ne servent à rien sinon à vous offrir une allure décontractée. Surtout vous vous contentez de répéter par coeur des choses que vous ne comprenez pas et que vous oublierez l'examen passé.

Attention, vous savez être sérieux. Même que vous compulsez frénétiquement:

  • votre compte facebook ou des milliers de contacts viennent juste reluquer vos photos peu conventionnelles et apprécier vos commentaires de haut vol
  • votre agenda pour vous assurer que tous les créneaux sont libres pour recevoir une star internationale qui vous propulsera en haut de l'affiche.
  • votre liste de contacts pour avoir les bons appuis en cas de besoin.

Il ne faut pas plaisanter avec l'imposture, c'est un travail qui demande de vrais compétences en termes d'opportunisme et autres...

Vous venez d'obtenir votre diplôme: seulement obtenu pas passé, il y a une nuance confortable.

Grâce à votre allure avenante, quelques discours bien préparés et bien récités (à l'écrit comme à l'oral), vous avez su faire illusion. Au pire vous aviez la possibilité d'utiliser votre réseau.
Vous voilà sur le marché de l'emploi.

Vous créez un CV de toute pièce. Partout ou vous pouvez vous postez une photo valorisante de vous

Dans votre CV, avec votre fameuse photo dont vous êtes si fièr(e), vous inscrivez des expériences qui vous permettront d’obtenir le poste convoité : pas fatigant et valorisant. Vous enregistrez des titres bien ronflants et vides de sens. Vous prétendez avoir étudié l’histoire de l’art à Paris, pour vous donner un air cultivé. Ainsi on ne remettra pas en cause votre esprit critique. Mais est-ce suffisant ?

Vous ne vous encombrez surtout pas des éventuelles qualifications que vous auriez pu avoir si vous aviez suivi vos cours. Vous les méprisez. Vous mettez en valeurs votre prestigieux carnet d’adresses dont vous devez à peine connaître le centième sur 500 contacts. Cela donnera de poids à vos candidatures et impressionnera les employeurs. Mais êtes-vous capables de les citer judicieusement ? Savez-vous concrètement ce que chacun fait ?

Vous multipliez les interventions sur tous les sujets de discussions possibles et imaginables pour vous faire remarquer. Vous enrobez vos propos diffamatoires et insultants d’une syntaxe compliquée et des mots qui impressionnent (vous l’avez observé) que vous avez entendu. Ne craignez-vous pas qu’un esprit pointilleux ne vous démasque ? Après tout, votre discours ressemble à celui des sectes : de belles phrases vides de sens.

La bouche en cœur vous partez postuler. Votre objectif : trouver un emploi dans le titre et les chiffres sur le bulletin de salaire seront satisfaisant. Vous passerez devant ceux qui ont travaillé dur pour acquérir les qualifications à tous ces postes. Vous aussi vous avez travaillé d’arrache-pied… Sur votre présentation attractive et distrayante. Pensez-vous sincèrement séduire ainsi un employeur sur du long terme ?

Vous commencez dans vos fonctions. Pas de chance ! Votre employeur vous a très bien cerné. Il a compris à qui il avait à faire. Malgré le titre pompeux qu’il vous accorde, et que vous vous dépêchez d’inscrire sur vos profils professionnels du web, il n’est pas dupe. Il sait que vous êtes tout juste compétent(e) pour coller les timbres à l’envers sur une enveloppe, et encore ils ont une machine pour faire ça. Mais vous étiez si divertissent(e), qu’il a cédé à vos exigences salariales.

Vous vous retrouvez sur un poste de simple exécutant(e). Pas d’initiative possible, de toute façon, vu votre niveau, se serait bien trop dangereux. Comme vous savez vous débrouiller pour donner des illusions à autrui, vous vous arrangez pour que les autres fassent votre travail. Vous avez toujours un excellent prétexte pour aller papillonner sur le web, discuter avec vos contacts. Vous avez réussi. Vous ne vous fatigué pas. Vous êtes même persuadé de pouvoir progresser rapidement dans votre entreprise de cette manière.

Vous anticipez en inscrivant un poste de responsable antérieur à votre actuel poste et ceci dans la même entreprise. Vous n’avez peur de rien. Vous méprisez vos congénères et êtes persuadé que personne ne verra la supercherie.

Mais en êtes-vous si sûr ?

Les jours passent. Vous prenez de plus en plus d’assurance. Vous êtes tellement persuadé(e) de votre toute puissante que vous dépassez les limites de l’acceptable. Sur un forum consacré au livre, non seulement vous vous en prenez au succès littéraires de manière violente, mais en plus vous insultez le lectorat et vous vous autorisé à associé le tag « pigeon » à cet auteur.

La raison de ce comportement que vous réussissez malgré tout à faire passer pour une simple impertinence, pleine d’innocence ? La jalousie et une frustration intense. Vous n’avez jamais été en mesure de réussir quelque chose par vous-même. Vous végétez dans votre coin. Vous désirez tellement régner sur une cour, même si c’est une basse-cour, que vous êtes prêt(e) à tout, même tenir la réputation d’autrui au risque d’être poursuivi pour diffamation. De toute façon, personne n’osera protester, vous d’une telle supériorité sur les autres.

En êtes-vous absolument sur(e) ?

Malheureusement, quelqu’un vient à passer et lit vos commentaires plus que déplacés. Ce quelqu’un, avant de réagir, prend le temps de consulter votre profil, qui le choque d’amblé, vos autres interventions, sans nuance ni argumentation réelle. Vous prétendez lire passionnément les classiques (Zola, Austen…) mais êtes incapable de faire le rapprochement avec les modernes. Cela se voit dans vos écrits. Vous accusez quelques défaillance linguistiques.

Avec ces informations, ce quelqu’un vous contact en privé. Pas la peine de soulever une polémique s’il n’y a pas lieu. Vous avez très bien pu ne pas réaliser que votre manière de vous exprimer était maladroite et peu correcte vis-à-vis d’êtres humains. Ce quelqu’un vous aborde de manière très diplomatique.

Vous êtes obligé de répondre poliment. Il vous en coûte. On le sent dans votre prose, dans vos objections. Vous vous enfoncez un peu plus loin dans vos mensonges. Vous ne pensez pas un seul instant qu’il pourrait s’agir d’un employeur potentiel, d’un éditeur ou, pourquoi pas, l’auteur lui-même caché sous un pseudonyme.

Vous vous vantez d’être au service marketing d’une maison d’édition et de tout savoir sur les ficelles. Alors pourquoi avez écrit ce que vous avez écrit ? N’êtes-vous pas au courant que ces entreprises entretiennent des liens plus ou moins étroit par le biais des réseaux de distributions, les contrats de leurs auteurs et bien d’autres ? Comment cela se fait-il que vous ne maîtrisiez pas votre propre image ? Comment se fait-il quand offrant cette image de vous, vous ne sachiez pas que vous impliquez la réputation de l’entreprise qui vous emploie ?

Cette personne reste bien interrogative sur les raisons de votre emploi dans un service marketing en maison d’édition. Elle a de sérieux doutes sur la véracité de vos dires.

Vos réponses et l’incohérence de votre prose ont alerté cette personne mystérieuse. Elle commence à en faire part sur son blog, sans vous nommer bien sûr. Elle ne veut pas vous faire de publicité. Elle s’exprime sur les zones d’ombre en ce qui concerne la défaillance de votre vocabulaire. Plus elle avance dans cette réflexion, plus elle se pose de questions à votre sujet. L’un de vos innombrables contacts, un apôtre certainement vous prévient plus ou moins de ses posts.

Un jour, cette personne intriguée par votre comportement malsain met en garde les gens sur le contrôle de l’image. Peu de temps après, vous changez la photo de profil de ce forum où vous avez eu un contact avec. Simple hasard, ou peur d’être réellement prise à défaut par votre employeur ? Toujours est-il que cette étrange coïncidence pique la curiosité. Prenez-vous vraiment cette personne pour un être stupide au point de penser qu’elle ne pourra plus rien faire contre vous, que personne ne sera tenter de savoir qui se cache derrière votre pseudo, qu’il n’y aucun moyen de savoir, que la CNIL vous protégera envers et contre tous ? Non seulement par ce fameux blog, il y a une phrase qu’on peut retrouver sur votre compte et peut-être d’autre, mais aussi, il y a des lois et vous devez vous y conformer.

Ce quelqu’un, que nous nommerons Tomate, se doute que vous êtes particulièrement fièr(e) de votre physique avenant. Cela s’est senti dans votre manière de vous exprimer : sur(e) de votre charme mais très futé(e). Tomate tape votre pseudo dans un moteur de recherche. Vous avez commis une énorme erreur en vous pensant au-dessus de tout. Vos profils sous ce nom avec la photo que vous aviez retirée apparaissent. Ensuite, c’est facile. Il suffit de procéder à une recherche par image.

Immédiatement, c’est votre profil « professionnel » qui apparaît avec le titre pompeux « assistant(e) commercial(e) back-office » et dans une publication qui a l’air d’avoir une certaine renommée certes, mais qui n’a rien à voir avec le milieu éditorial du livre. Tomate s’esclaffe du nom de poste totalement incongru. Quelle belle imagination ! Tomate en fait part sur Facebook dans un premier temps, sans se douter que vous, ou l’un de vos fidèles suis sa page.

Tomate n’en reste pas là. Son blog prend le relais. Un article est rédigé sur cet intitulé qui ne veut rien dire. Des professionnels du recrutement le confirment : c’est ridicule et ça ne veut rien dire. Tomate veut vérifier le nom de l’entreprise et retourne sur le site professionnel en ayant retenu la localité, le prénom et une partie du nom de famille. Une surprise de taille l’attend. Vous avez modifié votre photo et le nom de l’entreprise actuelle.

Qui pensez-vous leurrer ainsi ? Vous ne faites que confirmer votre mensonge. Tout est tellement nébuleux sur la partie publique de ce profil. N’importe quel employeur pourrait s’apercevoir que vous n’avez pas les compétences que vous prétendez avoir.

Tomate a utilisé un moyen très archaïque pour trouver ces informations, mais un employeur dispose de moyens techniques plus évolués pour en savoir plus sur vous. Vous n’êtes pas à l’abris d’une discrimination à l’embauche.

Affabultrice(teur) qui croyez-vous tromper en dehors de vous-même ?

Vous ne pourrez malheureusement pas continuer ainsi. Alors si vous repassez par-là, un conseil : changez d’attitude et vite.

En attendant je vous laisse vous prélasser dans votre médiocrité, votre paresse et votre suffisance.

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