Si c’est un homme
Quand vous ouvrirez ce livre, gardez ceci à l’esprit : vous allez être plongé dans une horreur indescriptible et insoutenable. Comment cela a-t-il pu exister ? Comment a-t-on pu laisser faire cela sans réagir. Certains témoigneront. Ils diront qu’ils entendaient ou percevaient des choses floues. Mais de la même manière, qu’on détourne le regard quand on soupçonne une maltraitance morale ou physique, ils ont passé leur chemin pour continuer leur vie dans l’ombre de la peur.
Primo Levi, qui ne s’en est jamais remis, fait plus que témoigner de l’horreur des camps de concentration pendant la SGM, il nous la fait vivre.
Il nous livre tout ce processus de manipulation sournoise pour vous inciter à renoncer à votre humanité, à votre identité dans tous ce qu’il y a de plus extrême. On redescend au stade de l’animal dont on a mis des siècles infinis à s’extraire.
Comment se reconstruire après avoir vécu cela ? Comment ne pas succomber au sentiment de culpabilité d’avoir survécu ? La destruction de l’être humain se situe là. Même une fois libéré physiquement, on n’est plus vraiment vivant, on ne se sent plus vraiment humain, parce pour survivre, il a fallu le faire au détriment de la vie d’autres êtres humains. Il a fallu se soumettre à la loi du plus fort, du plus sournois. On reste moralement prisonnier de ce cauchemar.
Peu importe le supplice de cette lecture, allez jusqu’au bout. Renoncez à votre devoir de culpabilité pour entreprendre votre devoir de mémoire. Ce sujet, dans une forme bien moins poussée, est encore d’actualité. Ce genre de processus peut se produire juste à côté de chez vous sans que vous ne le voyez.
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